Historique

Note d’intention

Les médias n’en manquent pas. Chaque jour, des sujets sur la jeunesse de notre pays portent des constats alarmants. « Alcool, drogues : l’adolescence "est une période à très haut risque de consommation majeure" » titre France Info dans un article du 7 juillet 2021 - France Culture consacre une émission sur « La violence des jeunes » - La PQR, quant à elle, égrène les faits divers sordides : « Il était venu de Nantes pour un règlement de compte à Cleunay » Ouest-France du 18 mars 2022 - « Règlement de compte en Loire-Atlantique : un homme de 21 ans tué d’une balle dans la tête le jour de Noël à Saint-Herblain » Breiz-info.com du 28 décembre 2021. Ces constats négatifs et événements tragiques entretiennent dans la population une certaine méfiance vis-à-vis de la jeunesse, un pessimisme constant de nos contemporains… et pourtant… Comme le dit l’adage, “le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit”. Loin de ce déferlement d’ondes négatives, il existe une jeunesse, une autre jeunesse, qui se construit, qui s’épanouit, qui s’investit. Elle existe. Je l’ai rencontrée.

Ils ne sont pas parfaits. Ils ne sont pas exempts de doutes et de peur. Eux aussi sont confrontés aux sollicitations tous azimuts, aux tentations du monde. Les cinq jeunes routiers que je veux suivre sont des garçons de 17-18 ans, lycéens, jeunes étudiants ou apprentis comme les autres. Mais ils incarnent une autre jeunesse. Après un parcours à la troupe comme scouts de 12 à 17 ans, ou simple curieux venu là un peu par hasard, comme moi il y a vingt-cinq ans, ces six jeunes ont accepté de suivre la route, de se fixer une règle de vie, d’entrer en pèlerinage.

Nous les suivons, l’un après l’autre, durant les trois jours qui précèdent leur arrivée à Vézelay. Comme un dialogue intérieur, propre au pèlerinage, ils nous livreront leur vie, leur foi, leurs doutes, leurs peurs, leurs convictions, leur regard pour ce monde et cette société dans lesquels ils vivent, sur la jeunesse à laquelle ils appartiennent.

Puis, nous les retrouvons tous les cinq, lors de cette veillée d’adoration, dans cette magnifique basilique de Vézelay. Là, en prière, ces garçons partagent leurs rêves, les engagements qu’ils souhaitent prendre pour le bien commun, pour une société plus juste.

Enfin, nous les quitterons sur cette grande esplanade, où, mêlés à leurs deux mille compagnons de pèlerinage, ils représenteront une autre jeunesse.

Ce rassemblement annuel de Vézelay est pour ces jeunes routiers, un événement fondateur. Il marque leur entrée dans cette communauté humaine. Il revêt le caractère du rite initiatique, avec sa liturgie, ses étapes incontournables, sa mise en scène, son répertoire.

J'en suis convaincu, à l’instar de ma génération, dans cette basilique de Vézelay, en cette veille de Toussaint 2022, seront rassemblés les hommes qui, demain, s’engageront pleinement pour édifier un monde meilleur : certains créeront des ONG, des associations caritatives ou sociales, des écoles, d’autres serviront au sein des institutions, de l’administration, dans l’entreprise, dans l’éducation, la santé, d’autres encore s’engageront en politique, ou développeront des mouvements pour défendre les valeurs auxquelles ils croient. Enfin, beaucoup fonderont une famille ou répondront à une vocation religieuse.

L’ambition de ce film est de montrer cette autre jeunesse, qui sans bruit, se construit. D’apporter au public une bonne bouffée d’optimisme, une bonne dose d’espoir. Sans prosélytisme ni volonté apologétique. Simplement par la beauté de la route, de la vie de camp, de l’enthousiasme de ces jeunes, de la vie fraternelle. Dans cet écrin incroyable de la Colline éternelle, dans cette nature d’automne flamboyante, sous le soleil ou sous la pluie, nous suivons ces jeunes en pèlerinage, nous goûtons le calme de la campagne, nous nous connectons à l’essentiel.

Tanguy Louvel a déjà réalisé plusieurs films :

Le secret de Confrécourt”, long-métrage de fiction, 72 minutes, 2014, produit par l’AGSE diffusé sur KTO

Dans les pas des moines”, film documentaire de 52 minutes, 2017, coproduit par Candela, Productions du regard et KTO, diffusé sur KTO et lejourduseigneur.com

Comme le Bon Dieu voudra”, docu-fiction de 54 minutes, 2022, produit par les Productions du regard, diffusé sur KTO.

Note de réalisation

La structure du film repose sur la progression du pèlerinage des routiers à Vézelay, sur quatre jours, du 28 au 31 octobre 2022. Celui-ci suit une progression immuable : trois jours de marche, en équipe de six à sept routiers, au sein des clans, répartis en une dizaine de tronçons qui convergent tous vers la Colline éternelle : Vézelay. Entre marches, chants, enseignements, messe, heure-route et vie de camp, ces trois journées conduisent à la célébration de la messe dans la basilique lors du quatrième jour et au rassemblement final des deux mille routiers sur l’esplanade.


  1. L’ouverture : première journée, une petite étape de mise en jambe, pour créer une cohésion entre les différents clans marchant sur le même tronçon. Une veillée joyeuse clôt cette journée.

  2. La route : deuxième journée, la route se fait sentir. L’itinéraire est plus long. Les caractères des uns et des autres se rencontrent, se frottent. La journée se termine par un événement : le départ routier. Ultime étape de la progression pédagogique à la route, quelques routiers de tous âges prennent un engagement à vie en présence de tous les jeunes routiers du tronçon. Moment particulièrement émouvant, paroles particulièrement fortes, ces départs routiers impressionnent, à la nuit tombée, à la lueur des torches.

  3. Le rassemblement : troisième journée, tous les tronçons convergent vers le même lieu de bivouac, c’est l’arrivée à proximité de la colline éternelle. Le moment fort de cette journée est l’arrivée, le soir, d’une longue procession de routiers, sur le parvis de la basilique, à la lueur des torches. Là, les portes de la basilique sont fermées. Alors le chant du Kyrie des gueux débute. Au quatrième couplet, aux paroles “frappez les gueux”, les routiers scouts ayant pris leur départ, la veille, frappent la porte monumentale de la basilique. Elle s’ouvre. Et la marée humaine des routiers s’engouffre dans la basilique. Commence alors une veillée de prière. Les routiers, à genoux, prient en silence, chantent en chœur, écoutent les textes qui leur sont lus, vont se confesser.

  4. L’envoi : dernier jour, les routiers se retrouvent tous le matin dans la basilique. La messe solennelle débute. Encens, longue procession liturgique, de nombreux prêtres, des évêques, le chœur de ces deux mille jeunes hommes fait trembler les voûtes séculaires. Puis, pour achever ce pèlerinage, les routiers se rassemblent sur l’esplanade du chevet de la basilique. C’est le temps de l’envoi, des derniers conseils. Puis, d’un joyeux cri “Ad mariam… Europa !” tous jettent leur couvre-chef et se dispersent.


Cinq jeunes routiers du clan de Nantes nous entraînent dans leur pèlerinage. Tous débutent la route. Ils sont montés de la troupe (réservée aux garçons de 12 à 17 ans) en septembre, ou ont directement intégré le clan à l’invitation d’un ami. C’est ce regard neuf qui m’intéresse. Ils sont enthousiastes et vivent pleinement l’instant.


Les chants de la route occupent une place très importante dans ce film. Sur deux plans : le premier grâce aux sons d’ambiance : les chants de route, de veillée, de prière, le chant du Kyrie des gueux sont enregistrés sur le vif. Ensuite, lors du montage, ils seront augmentés par des versions enregistrées par les chœur et orchestre de Vézelay, les années passées et mises à disposition de la production par l’association des Guides et Scouts d’Europe.